La maladie mentale ne se manifeste pas toujours par une crise. Parfois, elle est silencieuse. Elle s'installe insidieusement, s'éternisant.
Pour Tracy, l'anxiété fait partie intégrante de sa vie depuis toujours — un bourdonnement constant en arrière-plan.
« Quelle qu’en soit la cause — traumatisme, famille, génétique —, peu importe », dit-il. « Ce qui compte, c’est que ce soit toujours là. C’est lourd et épuisant. »
L'esprit de Tracy s'emballe, s'engouffrant dans des scénarios catastrophes. Le moindre stress prend des proportions démesurées : ruminations, panique, angoisse. Cela l'épuise, même quand tout semble aller bien en apparence. « J'ai tendance à dramatiser », admet-il. « Et même si je vis avec l'anxiété, j'ai dû trouver des moyens de la surmonter. »
Pour Tracy, la course à pied a été une véritable bouée de sauvetage pour gérer son anxiété.
Faire en sorte que chaque kilomètre compte
En 2017, alors qu'il s'entraînait pour le marathon de Tamarack Ottawa Race Weekend, il a lancé une campagne de financement pour l'hôpital Royal. Il savait qu'il pouvait contribuer à améliorer les soins aux patients et la recherche. Sa collecte de fonds rendait également hommage à une personne qui lui était chère : Helen O'Brien, une amie de la famille qui a travaillé plus de 50 ans à l'hôpital Royal.
« La maladie mentale ne reçoit pas l’attention qu’elle mérite à cause de la stigmatisation », explique-t-il. « Je voulais changer cela et l’hôpital Royal me semblait un bon point de départ. »
Au fil des ans, Tracy a récolté plus de 70 000 $ pour The Royal, courant non seulement pour lui-même, mais aussi pour les personnes qui luttent désespérément pour se reconstruire après avoir souffert de maladie mentale et de dépendance. « J’ai de la chance », dit-il. « J’ai de la famille et des amis, je peux compter sur leur soutien quand j’en ai besoin. Ce n’est pas le cas pour tout le monde. C’est pour ça que je cours. »
La science derrière chaque pas
Au Royal, le traitement ne se limite pas à la thérapie et aux médicaments ; il prend en compte la personne dans son ensemble. Des facteurs comme le sommeil, les relations, la nutrition et l’activité physique sont essentiels pour une meilleure gestion des troubles mentaux.
« Une activité physique régulière peut être bénéfique pour l’humeur et les symptômes d’anxiété, même si adopter cette bonne habitude peut s’avérer difficile », explique la Dre Kelsey Collimore, psychologue clinicienne et chercheuse au sein du Programme des troubles de l’humeur et de l’anxiété de l’hôpital The Royal. « Les recherches suggèrent que l’exercice physique peut augmenter la production d’endorphines, des substances chimiques qui procurent une sensation de bien-être, réduire les hormones du stress et améliorer la qualité du sommeil. L’activité physique peut également contribuer à atténuer les comportements de repli sur soi ou d’évitement, qui peuvent aggraver les symptômes d’anxiété et les troubles de l’humeur », ajoute-t-elle.
Tracy en constate les bienfaits au quotidien. « Courir me permet de me ressourcer. Cela me donne l'espace nécessaire pour respirer et prendre du recul par rapport au stress ambiant », explique-t-il. « Cela ne fait pas disparaître mon anxiété, mais cela m'aide à mieux vivre avec. »
La survie devient un but
Aujourd'hui, Tracy court à la fois pour survivre et pour aider les autres. « Je cours parce que ça m'aide à traverser les moments difficiles », dit-il. « Et maintenant, je cours pour que d'autres puissent aussi obtenir l'aide dont ils ont besoin. »
Les collectes de fonds pour The Royal permettent à davantage de personnes d'avoir accès aux traitements dont elles ont besoin, au moment où elles en ont besoin, et de sauver ainsi plus de vies de la maladie mentale.
Comme tant d'autres personnes atteintes de maladie mentale, Tracy vivra toujours avec cette maladie. Son anxiété fait partie intégrante de sa personnalité, mais cela ne l'empêche pas d'avancer, un pas après l'autre.
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