« Fais partie du groupe » : transformer la vie de jeunes musiciens

Il est facile de comprendre pourquoi les parents et les jeunes ont décrit le programme « Fais partie du groupe » du Festival RBC Bluesfest comme une expérience qui a transformé leur vie. En effet, ce programme offre des avantages considérables et peut changer la trajectoire de vie d’un jeune.

« Fais partie du groupe » met de jeunes musiciens en herbe en contact les uns avec les autres pour qu’ils forment un groupe avec un mentor musical. Ils se réunissent chaque semaine, d’avril à juillet, pour répéter des chansons, y compris des compositions originales. En grande finale, ils participent à un concert communautaire et, dans la plupart des cas, à un spectacle spécial présenté pendant le Festival RBC Bluesfest.

Le but du programme est d’aider les jeunes à perfectionner leurs compétences, à apprendre quelque chose de nouveau et à travailler en équipe pour atteindre un objectif commun, mais il leur permet aussi de créer des liens avec d’autres personnes qui partagent les mêmes idées et d’exprimer leur créativité. Au fil des ans, ce programme a permis d’aider des centaines de jeunes à Ottawa.

« Les jeunes – en particulier les adolescents – ont de la difficulté à s’exprimer, surtout s’ils sont aux prises avec de l’anxiété ou une dépression », indique Sue Walton, agente des relations communautaires au Centre de santé mentale Royal Ottawa et responsable de la liaison entre le Royal, le Festival RBC Bluesfest et les participants.

« Ce n’est que l’un des moyens par lesquels nous aidons les jeunes », ajoute Mme Walton. « C’est un endroit sûr, où ils peuvent renforcer leur confiance et se faire des amis. »

Comment fonctionne le programme « Fais partie du groupe » du Festival RBC Bluesfest? 

Alan Marsden est gestionnaire du programme communautaire « Fais partie du groupe » du Festival RBC Bluesfest depuis ses débuts, en janvier 2009. Il estime que 120 jeunes participent au programme de 2019, qui se déroule dans les écoles secondaires et les centres communautaires d’Ottawa, ainsi qu’au Royal.

Le programme compte sur chacun des endroits où il est offert pour se faire connaître. Pour « faire partie du groupe », il faut au moins une année d’expérience musicale – que ce soit jouer d’un instrument de musique ou avoir suivi des cours de chant. M. Marsden et les mentors rencontrent les jeunes musiciens, et les participants sont ensuite répartis en groupes selon leurs niveaux de compétence et leurs intérêts musicaux. « Nous essayons de ne pas jumeler les gens qui aiment Taylor Swift avec ceux qui aiment Metallica », précise M. Marsden en riant.

M. Marsden est également responsable de l’embauche des mentors, qui sont des musiciens professionnels. Chaque mentor est assigné à un groupe.

Les mentors jouent un rôle unique dans le cadre du programme. Ils guident, encouragent et donnent des directives aux jeunes, tout en leur offrant une oreille attentive et en leur donnant des conseils de vie. De plus, ils inspirent, motivent et gardent les groupes sur la bonne voie pour qu’ils atteignent leurs objectifs. Ils enseignent donc ce que cela signifie réellement d’être dans un groupe et, bien sûr, ils apaisent les sentiments de peur et d’anxiété.

« Nous leur disons de ne pas faire de psychologie », explique M. Marsden. « Leur principale tâche est de se concentrer sur la musique. J’essaie d’engager des gens expérimentés, gentils, qui ont peut-être eux-mêmes des enfants et peuvent comprendre, et qui ont le niveau de patience nécessaire. »

Des compétences pour la vie

Outre la musique et les techniques d’interprétation, les participants apprennent beaucoup de choses dans le cadre du programme : l’établissement d’objectifs, le travail acharné, la persévérance, la collaboration, le leadership, ainsi que comment gérer leur anxiété et la pression pour pouvoir donner une bonne performance.

Mackenzie Albert, 17 ans, participe au programme depuis trois ans en tant que chanteuse. Elle a découvert le programme « Fais partie du groupe » il y a quatre ans, mais ne s’y est pas inscrite tout de suite à cause d’un « terrible trac ». Quand l’occasion s’est de nouveau présentée un an plus tard, elle a changé d’avis.

« Le plus dur était de faire le premier pas, j’avais très peur », se souvient Mackenzie. Sa mère, Delphine Carr, sourit à sa fille : « Il faut avancer petit à petit, non? ».

Mme Carr explique que pendant la première année du programme, elle a vu un très grand changement chez sa fille, qui était aux prises avec des problèmes d’anxiété. Elle indique que cette expérience à été un « point tournant dans le comportement » de sa fille. À la fin de cette première année de participation au programme, Mackenzie a trouvé le courage de passer une audition pour une comédie musicale à son école. « C’était probablement l’une des meilleures expériences de ma vie », confie-t-elle. Le théâtre musical est maintenant l’une de ses grandes passions.

Mme Carr a constaté que sa fille a progressivement gagné confiance en elle au fil des ans, et que cette confiance a été mise à l’épreuve lors du spectacle de son groupe pendant le Festival RBC Bluesfest.

« Je ne pouvais pas m’empêcher de me souvenir de la petite fille qui tenait le micro les yeux fermés, la voix tremblante, puis de juxtaposer cette image avec celle qui chantait en face de moi et de constater tout le chemin parcouru », dit Mme Carr. « C’était assez bouleversant pour moi. »

Evan Cosman, 18 ans, vient de terminer sa première année de participation à « Fais partie du groupe », qui s’est également terminée par une prestation au Festival RBC Bluesfest. Sa mère, Nancy Cosman, dit qu’elle a vu un changement positif dans le niveau d’engagement d’Evan. « J’étais contente de le voir faire quelque chose jusqu’au bout, et de témoigner du processus du début à la fin », indique-t-elle. « Il savait que d’autres personnes comptaient sur lui, et c’est ce qui l’a encouragé et a renforcé son engagement. Il n’a pas abandonné. Il était déterminé à aller jusqu’au bout. »

Le spectacle final

Les parents des jeunes qui participent au programme « Fais partie du groupe » ne sont pas autorisés à aller en coulisses. Souvent, ils ne voient le résultat final du travail de leur enfant qu’au moment du spectacle de fin d’année, pendant le Festival.

Mme Carr raconte que pendant le spectacle de sa fille Mackenzie au Festival RBC Bluesfest cette année, elle était « très émue de voir cela » et essayait surtout de ne pas pleurer.

« J’étais ravie de la voir si confiante et heureuse sur scène », ajoute Mme Carr. « Je pense que c’est notre but en tant que parents; de voir notre enfant réussir, de le savoir heureux et épanoui. Quand je lève la tête et que je la vois sur scène, c’est exactement cela. »

« Le Bluesfest était vraiment génial», déclare Evan, qui s’est d’abord inscrit au programme « Fais partie du groupe » pour pouvoir entrer en contact avec des gens qui partagent son amour de la musique. « C’était stressant, mais d’une bonne façon. » 

« Le fait de jouer avec d’autres personnes m’a donné plus de confiance en moi », explique-t-il. « Je me suis rendu compte que je suis capable de jouer, et que je n’ai pas besoin d’être le meilleur pour jouer avec d’autres personnes. »

Mme Cosman se souvient avec tendresse des applaudissements du public, qui battait la mesure avec la musique : « J’étais époustouflée! ».

M. Marsden assiste à tous les spectacles de fin d’année.

« C’est ce que je préfère; voir cette transformation », indique-t-il. « Ce n’est pas juste d’entendre le groupe et la musique, j’aime voir la façon dont les jeunes se transforment. Ils se tiennent différemment. Je plaisante en disant qu’en fait, c’est un programme de transformation, avec la musique en plus. »

De plus, il remarque souvent la transformation du langage corporel des participants. « Ils changent vraiment », dit-il. « En coulisse, on le voit dans leurs yeux, on le voit dans leurs gestes, c’est beau à voir! »

Étonnamment, lorsqu’on demande à Mackenzie ce qu’elle préfère dans le programme « Fais partie du groupe », le grand spectacle du Festival RBC Bluesfest n’est pas la première chose qui lui vient à l’esprit. Pour elle, ce sont les gens qui comptent le plus.

« Les liens entre les gens sont la partie la plus importante du programme », explique-t-elle. « On y crée des amitiés très fortes. »

L’art pour cheminer dans la vie

M. Marsden a récemment rencontré un « diplômé » de « Fais partie du groupe » qui avait participé à la toute première édition du programme au Royal et qui a été profondément marqué par son expérience.

« Il a dit qu’il pensait que le programme lui a sans doute sauvé la vie à l’époque », raconte M. Marsden. « C’était quelqu’un de très, très créatif, qui n’avait pas été encouragé à s’épanouir dans ce domaine, pour une raison ou une autre. Ce programme lui a finalement donné l’occasion d’exprimer cette créativité. Dans sa vie, il y avait une énorme pression pour qu’il trouve un emploi, qu’il fasse des choses pratiques... C’est difficile pour les gens créatifs, ils ont besoin d’une façon de s’exprimer. Ce programme aide à acquérir toutes les aptitudes à la vie quotidienne qui ne sont pas nécessairement acquises en pratiquant d’autres arts, par exemple les compétences sociales au sein d’un groupe, le leadership, la consolidation d’équipe. Je crois qu’il est vraiment important de le comprendre. »

Mackenzie, qui a obtenu son diplôme d’études secondaires et fait maintenant une pause d’un an pour décider de ce qu’elle veut faire par la suite, espère remplir son curriculum vitae avec des réalisations musicales, y compris une expérience en théâtre musical. Ce sont des objectifs qu’elle n’aurait jamais envisagés quand elle était plus jeune, et il est désormais clair que la musique fera partie de son avenir, sous une forme ou une autre.

« J’espère en faire ma carrière à temps plein, mais c’est une voie très difficile à suivre et tout le monde n’y arrive pas », précise-t-elle. « J'espère que si je travaille vraiment très fort, je finirais par me faire remarquer. »

Evan envisage également de faire une carrière musicale et pense s’inscrire au programme de diplôme d’études collégiales en Art et industrie de la musique au Collège Algonquin.

De plus, il a quelques conseils à donner à quiconque songe s’inscrire au programme « Fais partie du groupe ». « Si vous n’êtes pas sûr de vouloir vous inscrire, je vous conseille de le faire. Il y a beaucoup d’avantages et il n’y a pas grand-chose qui peut mal tourner », dit-il. « Vous n’avez pas besoin d’être un musicien extraordinaire pour pouvoir jouer avec d’autres personnes. C’est amusant. N’hésitez pas, et participez! »

Pour en savoir plus sur le programme « Fais partie du groupe » du Festival RBC Bluesfesst, contactez Michaela Berniquez à : michaela.berniquez@theroyal.ca.