Quand une clôture n’est-elle pas une clôture?

Quand une clôture n’est-elle pas une clôture? On dirait le début d’une énigme, mais c’est un sujet qui n’amusait pas du tout les clients, les familles et le personnel du Centre de santé mentale de Brockville.

Les clients et le personnel sont très heureux qu’une immense partie de la clôture de sécurité ait été retirée du périmètre de l’unité de traitement de psychiatrie légale.

Pour les clients et les familles qui visitent cette unité pour la première fois, la vue de la clôture de sécurité peut être terrifiante, explique Mike Fisher, un client du Centre de santé mentale de Brockville qui est également membre de son Conseil consultatif des clients.

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Mike Fisher et Michael Whalen se réjouissent de l’élimination de la clôture de sécurité inutile à l’unité de traitement de psychiatrie légale du Centre de santé mentale de Brockville.
Mike Fisher et Michael Whalen se réjouissent de l’élimination de la clôture de sécurité inutile à l’unité de traitement de psychiatrie légale du Centre de santé mentale de Brockville.

« Lorsque les clients et les familles venaient à l’hôpital, la première chose qu’ils voyaient étaient cette clôture de barbelé et un grand portail. C’était oppressant. Brutal et effrayant. »

Le système de psychiatrie légale traite les personnes qui ont eu des démêlés avec la justice en raison de leurs problèmes de santé mentale. Le risque de récidive diminue à mesure que les patients répondent à leurs traitements.

Selon Michael Whalen, un clinicien en pratique avancée du Programme de psychiatrie légale intégrée au Centre de santé mentale de Brockville, il est important de comprendre que le risque de sécurité à l’unité de traitement de psychiatrie légale est assez faible.

L’unité de psychiatrie légale a hérité à contrecœur de cette clôture de sécurité, qui avait été construite dans un tout autre but. Elle n’est pas nécessaire et n’a jamais été utilisée, mais pour comprendre pleinement l’histoire de cette clôture indésirable, il faut faire un bref retour dans le temps.

M. Whalen explique qu’elle a sans doute été installée il y a plus d’une dizaine d’années dans le cadre d’un plan de réaménagement qui comprenait à l’époque une modernisation de ce qui est aujourd’hui le bâtiment de l’unité de traitement de psychiatrie légale, dans l’objectif de créer une unité d’évaluation sécurisée. Le projet a évolué dans une autre direction, mais la clôture est restée.

« Nous avons donc déménagé ici, dans ce bâtiment qui avait été prévu pour des services correctionnels », explique M. Whalen. Il montre du doigt les portes des bureaux, qui sont lourdes, en acier et résistantes au feu. « C’est beaucoup trop », dit-il en riant. « Et c’est du verre pare-balles », précise-t-il en montrant la fenêtre de son bureau. « Nous n’en avons pas besoin, il n’y a pas de personnes à risque élevé ici. »

« Nous avons été installés dans un bâtiment qui n’a pas été réaménagé pour nos besoins. Nous l’avons juste pris parce qu’il était disponible et que c’était mieux que ce que nous avions avant », ajoute-t-il en décrivant une ancienne unité de psychiatrie légale équipée de barreaux aux fenêtres, sans climatisation, et avec des rideaux comme seule intimité pour les résidents, y compris pour ceux qui devaient y rester à long terme.

« Toutes ces voix disaient la même chose, et puis c’est arrivé. Depuis des années, nos patients se plaignaient que la clôture était laide », affirme M. Whalen. « En tant qu’employé, je me disais : "Oui, c’est très laid, mais qu’est-ce que je peux faire?" »

Cette clôture de sécurité résistante était constituée de fils de fer fil épais tendus entre des poutres d’acier qui se courbaient vers l’intérieur pour former un dôme. Certaines parties, dont un portail qui, en fin de compte, restait toujours ouvert, étaient surmontées de fils barbelés.

« C’était comme une grande cage métallique qui est devenue le seul lieu de rassemblement pour nos clients », explique M. Whalen.

Les clients et familles ont demandé de retirer cette clôture. Comme le raconte M. Fisher, l’année dernière, tout le monde s’est finalement rassemblé pour exercer des pressions sur l’administration, en parlant d’une même voix.

« Toutes ces voix disaient la même chose, et puis c’est arrivé. Depuis des années, nos patients se plaignaient que la clôture était laide », affirme M. Whalen. « En tant qu’employé, je me disais : "Oui, c’est très laid, mais qu’est-ce que je peux faire?" »

Toutes les clôtures n’ont pas été enlevées. Certaines protègent une zone pour les personnes qui sont en détention et en attente d’une évaluation. Une partie de la clôture qui a été retirée comprenait le portail d’entrée. La seconde délimitait une zone d’herbe où il y avait des bancs et qui servait régulièrement d’espace de pause en plein air pour les clients et le personnel. C’était censé être un lieu de détente, mais beaucoup le trouvait particulièrement oppressant.

« Ça ne ressemblait pas à un hôpital », se rappelle M. Fisher. « C’est agréable de voir des espaces ouverts – ce n’est pas censé être un centre de détention. Et c’est vraiment fantastique que le conseil d’administration ait compris cela et apporté ces changements. C’est génial. »

La clôture a été enlevée à l’automne 2019.

« C’est comme une bouffée d’air frais », souligne M. Fisher. « C’est un peu bizarre, c’est juste du fil de fer, mais c’est comme si un poids avait été retiré à beaucoup de clients. »

D’autres clients ont eu des réactions tout aussi positives, de même que les membres du personnel. « Pour le personnel, c’est agréable de venir travailler chaque jour sans avoir l’impression d’entrer dans une prison », explique M. Whalen. De son côté, M. Fisher ajoute : « C'est une sorte d’anti-stress. » M. Whalen est d’accord : « On ne se sent pas aussi oppressés, et c’est parce que la clôture est tombée. »

Le Conseil consultatif des clients de Brockville espère recruter davantage de personnes pour partager leurs commentaires. Pour M. Whalen, l’élimination de cette clôture est un excellent exemple de ce qui est possible lorsque les clients et familles se réunissent avec la direction pour apporter des changements positifs. M. Fisher est quant à lui ravi que la clôture ait disparu, mais surtout, il a l’impression d’avoir été entendu.

« Ce n’est qu’un petit changement, mais c’est une preuve d’initiative et, espérons-le, c’est le signe de changements constructifs à venir », dit-il.