Un foyer de soins de longue durée qui ne ressemble pas aux autres foyers de l’Ontario

La Place Royal Ottawa n’est pas un foyer de soins de longue durée ordinaire, il s’agit en fait d’une maison extraordinaire.

Elle occupe une place à part dans le continuum des soins de santé. Située dans l’enceinte du Centre de santé mentale Royal Ottawa, la Place Royal Ottawa est un foyer de soins de longue durée pour les personnes atteintes de maladie mentale, mais elle n’a pas de désignation spéciale et ne bénéficie pas de financement pour prodiguer ces soins aux résidents.

« Il n’y a pas de foyer de soins de longue durée désigné comme foyer de soins de santé mentale en Ontario », déclare Sarah Anderson, directrice des soins à la Place Royal Ottawa. « Nous voulons être les premiers. »

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Sarah Anderson with representative from BPSO
Sarah Anderson, directrice des soins à la Place Royal Ottawa, et Tonya Davis, représentante de l'AIIAO, célèbrent la désignation de la Place Royal Ottawa en tant que Best Practice Spotlight Organization (BPSO).

Le personnel est fier d’offrir un modèle de soins unique, axé sur la santé mentale, à cette population unique. Contrairement aux foyers de soins de longue durée conventionnels, dont la population est exclusivement gériatrique, à la Place Royal Ottawa, la majorité des résidents sont atteints d’une maladie mentale grave et sont âgés de moins de 65 ans.

La dépression majeure, la schizophrénie, les troubles bipolaires, les troubles obsessionnels compulsifs et les troubles de la personnalité limite sont autant d’exemples de maladies mentales graves. (Lisez l’encadré pour plus d’informations sur les personnes qui vivent à la Place Royal Ottawa.)

Les maladies mentales graves peuvent entraîner des changements d’humeur et de comportement, altérer les capacités cognitives et nuire à la capacité d’une personne à fonctionner dans la société. Les maladies mentales graves peuvent être chroniques et être marquées par des périodes de flambée. Les personnes atteintes d’une maladie mentale grave ont le plus souvent besoin de vivre dans un logement communautaire ou collectif pour maintenir leur mieux-être mental. Malheureusement, la disponibilité de ces logements est limitée et la demande est élevée.

Les foyers de soins de longue durée de l’Ontario sont conçus pour une population gériatrique et voient désormais affluer le nombre de demandes de résidence pour des personnes atteintes de maladie mentale grave. Or, de nombreux membres du personnel des foyers de soins de longue durée ne sont pas équipés pour s’occuper de personnes atteintes d’une maladie mentale grave ou ayant des comportements réactifs, ce qui fait que les résidents sont parfois envoyés à l’hôpital et se trouvent dans des lits destinés à d’autres niveaux de soins ou ne sont pas admis dans des foyers de soins de longue durée.

Les réadmissions fréquentes à l’hôpital pour cette population peuvent avoir d’importants effets négatifs. Ces réadmissions sont perturbantes et démoralisantes pour la personne malade et ses proches, et elles pèsent sur les ressources de santé.

Les psychiatres, le personnel infirmier, les travailleurs sociaux et les récréothérapeutes de la Place Royal Ottawa travaillent en équipe pour réduire les réadmissions à l’hôpital grâce à des interventions rapides et personnalisées, à la gestion des crises et à la continuité des soins.

La Place Royal Ottawa n’est pas spécifiquement financée pour ces soins, mais les fournit dans les meilleures conditions que possible dans le cadre du budget habituel de soins de longue durée, parce qu’ils sont nécessaires et que cette population mal desservie en a tant besoin.

Pour ses résidents, la Place Royal Ottawa représente une opportunité de changer de vie.

« Dans de nombreux cas, ces personnes n’ont tout simplement nulle part où aller », explique Debbie Pilon, administratrice.

Mme Pilon ajoute qu’une désignation spéciale de foyers de soins de santé mentale aiderait à garantir le financement de programmes plus spécialisés et permettrait à l’organisation de se concentrer exclusivement sur les adultes ayant reçu un diagnostic primaire de maladie mentale grave.

Les personnes qui vivent à la Place Royal Ottawa jouissent d’une grande qualité de vie au sein d’une communauté solidaire, avec des soins personnalisés et des activités stimulantes.

« La Place Royale Ottawa est plus qu’un simple foyer, c’est une famille », explique Mme Pilon.

Les résidents de la Place Royal Ottawa sont en moyenne plus jeunes que les résidents habituels des foyers de soins de longue durée.

Les adultes dans la quarantaine, la cinquantaine et même la soixantaine ont généralement des besoins différents de ceux de la population gériatrique typique des soins de longue durée. Par exemple, ils bénéficient de différents types de groupes thérapeutiques et ont tendance à s’intéresser à différentes activités – et souhaitent même avoir des menus différents. (Plutôt des macaronis au fromage que de la viande et des pommes de terre!) Les clients plus jeunes sont plus susceptibles de s’intéresser aux possibilités de bénévolat que les clients gériatriques en soins de longue durée. De même, ils pourraient bénéficier d’une orientation supplémentaire en matière d’intégration communautaire et de compétences de vie telles que la gestion de l’argent et l’utilisation des transports en commun.

Prenons l’exemple d’Alice*. Alice est résidente de la Place Royal Ottawa depuis dix ans, soit un peu plus que la durée moyenne de séjour. Elle a 50 ans et a reçu un diagnostic de trouble du spectre de la schizophrénie dans la vingtaine. Alice entend des voix qui lui disent des choses qui ne sont pas vraies. Parfois, elle voit aussi des choses qui n’existent pas. Elle prend des médicaments pour l’aider à faire face à ses symptômes, mais ils ont aussi des effets secondaires : la fatigue et l’engourdissement. Au cours des années qui ont précédé son arrivée à la Place Royal Ottawa, Alice a été hospitalisée à plusieurs reprises, mais lorsqu’elle y a déménagé, ses hospitalisations ont cessé. Alice est heureuse d’avoir un endroit sécuritaire et confortable où elle peut vivre dans la dignité. Elle se sent soutenue et comprise, et non stigmatisée.

« La Place Royale Ottawa est plus qu’un simple foyer, c’est une famille », explique Mme Pilon.Elle apprécie la propreté du cadre de vie et les délicieux repas, ainsi que l’aide supplémentaire apportée pour la prise de ses médicaments. Le personnel veille à ce qu’elle se rende à ses rendez-vous à l’heure. Alice a des amis, des gens qui l’entourent sans la juger, et elle apprécie les activités qui stimulent son esprit et sa créativité, comme la lecture, l’écriture, la peinture et le bénévolat.

Elle n’avait pas tout cela avant d’entrer à la Place Royal Ottawa, pas plus qu’elle n’avait d’objectifs et de rêves.

« Nous méritons tous d’avoir des objectifs et des rêves », déclare Mme Anderson. « Souvent, il s’agit des bases de la vie que les gens comme Alice sont si heureux d’avoir, mais nous allons plus loin en ajoutant plus d’enrichissement grâce à notre connaissance de la maladie mentale et des ressources communautaires avec lesquelles nous travaillons. »

« C’est leur maison et ils s’y sentent bien », ajoute Mme Pilon. « Beaucoup de nos résidents sont entrés et sortis du système pendant des années et des années. Nous leur offrons une vie qui a du sens. »

Mme Pilon et Mme Anderson affirment qu’il est très probable que la Place Royal Ottawa compte le plus grand nombre de personnes atteintes de maladie mentale grave de tous les foyers de soins de longue durée de l’Ontario.

Non seulement la désignation et le financement demandés par la Place Royal Ottawa permettraient de soutenir des programmes spécialisés pour des personnes comme Alice, mais ils contribueraient également à l’embauche de membres du personnel qui ne font généralement pas partie de l’équipe d’un foyer de soins de longue durée, comme des récréothérapeutes et des thérapeutes du comportement.

Selon Mme Pilon, l’objectif de la Place Royal Ottawa est de créer un modèle unique de soins de longue durée et de partager ces connaissances avec d’autres foyers de l’Ontario qui s’occupent de ce groupe démographique.

« Idéalement, à l’avenir, nous assisterons à la création de foyers de soins de longue durée spécialisés en santé mentale qui suivront un modèle de soins spécialement conçu pour cette clientèle », déclare Mme Anderson. « D’ici là, nous continuerons à défendre les intérêts de nos résidents – et à réclamer un financement adéquat – afin de pouvoir continuer à faire ce que nous faisons. »  

 

*Alice est un amalgame de plusieurs profils de résidents de la Place Royal Ottawa.

 

Qui habite à la Place Royal Ottawa?

À l’heure actuelle, 64 personnes vivent à la Place Royal Ottawa; 35 hommes et 29 femmes. La personne la plus jeune a 41 ans et la plus âgée a 101 ans, avec une moyenne d’âge de 67,9 ans. La durée moyenne actuelle du séjour est de 3 378 jours (9,25 ans). 84 % des résidents ont reçu un diagnostic de maladie mentale à l’admission, et un peu plus de la moitié a un diagnostic primaire de schizophrénie. La démence est la maladie mentale la plus courante dans les foyers de soins de longue durée typiques, mais elle est moins fréquente à la Place Royal Ottawa. Dans le classement des troubles de santé mentale des résidents de la Place Royal Ottawa, la démence arrive en treizième position du trouble le plus fréquent.

La Place Royal Ottawa est une organisation phare de pratiques exemplaires

La philosophie de l’amélioration continue fait partie intégrante de la culture de la Place Royal Ottawa.

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BPSO logo

Cette année, la Place Royal Ottawa a reçu la désignation d’« organisation phare de pratiques exemplaires » (Best Practice Spotlight Organization, BPSO). Cette désignation est accordée aux organisations de soins de santé ou universitaires qui travaillent avec l’Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario (AIIAO) afin de mettre en œuvre et d’évaluer les lignes directrices sur les pratiques exemplaires de soins aux clients. Les organisations qui ont reçu cette désignation suivent ces directives pour améliorer la qualité et la sécurité de leurs services, mesurer les résultats et partager leurs expériences avec d’autres organisations phares de pratiques exemplaires dans le monde.

« En tant que prestataires de soins, nous sommes chargés de prendre soin de certains des membres les plus vulnérables de notre communauté », déclare Sarah Anderson, directrice des soins à la Place Royal Ottawa. « Nous sommes fiers de notre connaissance des maladies mentales et des soins axés sur les personnes que nous fournissons, et nous nous efforçons d’améliorer ces connaissances pour mieux répondre aux besoins de nos résidents. »

Pour en savoir plus sur la désignation d’organisation phare de pratiques exemplaires, consultez le site Web de l’AIIAO.