Une nouvelle étude sur les hallucinations auditives chez les personnes atteintes d’un trouble bipolaire

Le trouble bipolaire est un problème de santé mentale qui touche environ deux pour cent de la population. Bien que beaucoup de gens pensent qu’il s’agit d’un trouble caractérisé par des sautes d’humeur, les symptômes du trouble bipolaire peuvent également inclure des hallucinations auditives. En fait, jusqu’à 25 % des personnes atteintes d’un trouble bipolaire ont des hallucinations auditives à un moment ou à un autre au cours de leur maladie.

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Dre Natalia Jaworska
Dre Natalia Jaworska, une chercheuse en début de carrière à l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) de l’Université d'Ottawa au Royal

Une nouvelle étude financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et codirigée par la Dre Natalia Jaworska, une chercheuse en début de carrière à l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) de l’Université d'Ottawa au Royal, vise à mieux comprendre le trouble bipolaire et les hallucinations auditives.

Cette étude sera l’une des premières à examiner les caractéristiques cérébrales des personnes atteintes d’un trouble bipolaire qui ont ou non des hallucinations auditives.

Les hallucinations auditives peuvent être effrayantes et déroutantes. Il s’agit de sons et de voix d’intensité variable que personne d’autre n’entend, mais qui semblent souvent très réels pour la personne qui en fait l’expérience.

Les hallucinations auditives surviennent également dans d’autres troubles de santé mentale, notamment la schizophrénie. Si les effets des hallucinations chez les personnes atteintes de schizophrénie ont fait l’objet de nombreuses recherches, ils sont mal compris chez les personnes atteintes d’un trouble bipolaire.

On pense que les personnes qui entendent des voix pourraient présenter des différences dans leur cerveau au niveau des régions qui traitent les sons et les langues, mais nous devons poursuivre les recherches pour en savoir plus. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que les personnes qui ont des hallucinations auditives – quel que soit leur diagnostic – éprouvent des difficultés dans leur vie quotidienne et ont moins de chances de se rétablir.

La Dre Jaworska et son équipe, dont le Dr Derek Fisher, son principal collaborateur à Halifax, utiliseront l’électroencéphalographie (EEG) – une technologie qui permet de mesurer l’activité électrique du cerveau, l’imagerie cérébrale, ainsi que des entretiens et des questionnaires avec les participants pour mesurer les répercussions des hallucinations auditives sur leur fonctionnement, leur qualité de vie et leur risque de suicide. La Dre Jaworska espère également pouvoir « catégoriser » les voix entendues par les personnes atteintes d’un trouble bipolaire (par exemple, en examinant leur fréquence, leur intensité et leur contenu négatif).

« Même si nous disposons de données montrant que jusqu’à 25 % des personnes atteintes d’un trouble bipolaire entendent des voix pendant leur maladie, nous ne savons pas grand-chose à leur sujet », explique-t-elle.

Certains travaux de recherche antérieurs suggèrent que ces voix ne seraient peut-être pas aussi intrusives ou débilitantes, ou simplement de nature différente, que ce que l’on observe généralement chez les personnes atteintes de schizophrénie.

Une meilleure compréhension des hallucinations auditives d’un point de vue biologique permettrait d’améliorer les futurs traitements et, en fin de compte, la vie des personnes atteintes d’un trouble bipolaire.

« Chaque fois que l’on peut en apprendre davantage sur la neurobiologie ou les mécanismes d’un symptôme, on peut réfléchir à la manière de mieux le gérer », indique la Dre Jaworska.

Elle estime que bien que cette étude particulière soit la première étape d’un vaste champ de recherche, un examen plus approfondi des hallucinations auditives pourrait conduire à des traitements non pharmacologiques ainsi qu’à une « amélioration exponentielle » dans d’autres domaines pour les personnes qui entendent des voix.

« En comprenant ce qui se passe dans le cerveau, nous pourrions mettre au point des outils thérapeutiques complémentaires plus créatifs et plus ciblés qui se concentrent spécifiquement sur ces hallucinations auditives et pourraient ainsi améliorer les symptômes, non seulement en ce qui concerne les hallucinations auditives, mais aussi les symptômes d’autres maladies mentales comme la dépression et l’anxiété. »