Avec la sensibilisation vient la compréhension

Rencontrez l’un des visages de la maladie mentale

Anita Manley d’Ottawa, un visage amical et familier au Royal, participe à une initiative nationale d’éducation publique conçue pour accroître la sensibilisation à la maladie mentale et mettre fin à la stigmatisation qui y est associée.

La campagne Visages des maladies mentales met en lumière les histoires de Canadiennes et Canadiens qui se rétablissent d’une maladie mentale. Cette campagne se déroule tous les ans dans le cadre de la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales (SSMM), du 6 au 12 octobre.

Des centaines de personnes de tout le Canada ont présenté une demande pour participer à cette campagne, mais seules cinq ont été choisies.

L’histoire de Mme Manley en est une d’espoir et de rétablissement, qui a commencé à l’adolescence, dans les années 1980. Son père avait remarqué qu’elle s’était désintéressée de sa vie d’adolescente, mais Mme Manley n’a pas cherché à obtenir l’aide dont elle avait besoin de peur que les gens pensent qu’elle soit « folle ».

Mme Manley a été hospitalisée pour la première fois pendant ses années d’université après une tentative de suicide, mais n’a jamais reçu de diagnostic. Elle a passé son 21ème anniversaire dans l’unité psychiatrique de l’hôpital Brant Memorial, puis a réussi à terminer ses études et obtenir son diplôme. Elle a ensuite rencontré son premier mari et a eu deux filles.

« Et puis, tout s’est effondré », raconte Mme Manley.

Le stress de la vie – y compris un divorce –  l’a beaucoup affectée. Elle a été hospitalisée à l’âge de 32 ans après avoir reçu diagnostic de trouble bipolaire et, quelques années plus tard, elle a commencé à entendre des voix.

« C’était très effrayant et très déroutant », dit-elle. « J’ai tout perdu à cause de la maladie, parce que je croyais vraiment à ces délires. Personne ne pouvait me convaincre que ce n’était pas vrai. »

Elle ne pouvait plus payer ses factures et a été expulsée de son appartement. Elle a refusé tous les traitements, puis est devenue sans-abri.

« J’ai coupé tous les liens avec mes amis, ma famille, y compris mes filles adolescentes, et je n’ai plus eu de contact avec eux pendant trois ans », explique Mme Manley. « Les seules personnes avec qui j’étais amie étaient celles qui étaient payées pour s’occuper de moi. C’était vraiment difficile. J’ai tout perdu. »

Mme Manley a commencé à faire le nécessaire pour reprendre sa vie en mains lorsqu’elle a été hospitalisée au Royal en 2011. Son psychiatre lui a demandé si elle voulait revoir ses enfants – ce qu’elle voulait, bien entendu – et elle a donc passé sept mois en traitement intensif avec cet objectif en tête.

Peu de temps après, Mme Manley a repris contact avec sa plus jeune fille. Puis, elle a rencontré son futur mari en 2015. Aujourd’hui, elle aide les autres et contribue à son tour à la société : depuis mars 2012, elle a fait plus de 3 330 heures de bénévolat au Royal. Elle anime des groupes de mieux-être pour les femmes – y compris un groupe d’écriture de journal intime – et défend avec ferveur les intérêts des patients qui parlent publiquement de santé mentale et de mieux-être.

Mme Manley confie que le rétablissement ne suit pas toujours un parcours en ligne droite, mais qu’elle a réellement progressé quand elle a commencé à faire du bénévolat.

« J’avais une raison d’être », ajoute-t-elle. « Je me réveillais le matin en me disant que j’allais donner aux autres. Mon but était d’aider d’autres à se rétablir. Les gens me disaient que je les aidais, et donc je me sentais mieux dans ma peau. »

Mme Manley souligne l'importance des autosoins dans le cadre du parcours de rétablissement (ses devises : « prendre soin de soi pour l’avenir » et « ça va passer »). Elle est enthousiaste à l’idée que son message sera entendu dans tout le pays par l’entremise de la campagne Visages des maladies mentales.

« Je veux faire entendre ma voix. Je veux inspirer les gens. Je veux vraiment qu’ils me regardent, qu’ils entendent mon histoire et se disent : "Grâce à vous, je n’ai jamais abandonné. Grâce à vous, je crois qu’il y a de l’espoir et que le rétablissement est possible." »

La campagne Visages des maladies mentales est coordonnée par l’Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale (ACMMSM), de concert avec ses organismes membres et d’autres partisans d’un bout à l’autre du Canada. Pour en savoir plus, visitez le site www.camimh.ca/fr.