Biomarqueur cérébral potentiel de la schizophrénie

Biomarqueur cérébral potentiel de la schizophrénie

Si les personnes atteintes de schizophrénie peuvent bénéficier d’une bien meilleure qualité de vie grâce à un traitement adéquat, il n’en demeure pas moins qu’un certain nombre d’obstacles peuvent nuire à leur rétablissement, dont un diagnostic tardif ou erroné.

Or, il ressort des résultats d’une nouvelle étude à laquelle a participé à titre de coauteur Clifford Cassidy, Ph.D., de l’Institut de recherche en santé mentale du Royal, qu’un nouvel outil prometteur pourrait aider les personnes atteintes de schizophrénie à obtenir plus rapidement le traitement dont elles ont besoin, et ce, au moyen d’un « marqueur » de la fonction de la dopamine.

Un type d’imagerie par résonance magnétique appelé IRM sensible à la neuromélanine (NM-MRI) a déjà été démontré efficace pour montrer la neurodégénérescence chez les patients atteints de la maladie de Parkinson, mais son utilité n’avait jamais été démontrée chez les personnes qui ne sont pas atteintes de maladies neurodégénératives – jusqu’à maintenant.

Dans le cadre de cette nouvelle étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Cassidy et Guillermo Horga, M.D., Ph.D. (Université Columbia), a mené une série d’études de validation visant à montrer que l’IRM sensible à la neuromélanine pouvait, en effet, servir de marqueur efficace de la fonction de la dopamine chez les personnes atteintes de psychose.

La dopamine est une substance chimique du cerveau qui joue un rôle dans le contrôle des mouvements, de l’attention, de l’apprentissage et des réactions émotionnelles. Grâce aux techniques d’imagerie cérébrale diagnostique de pointe comme la tomographie par émission de positons (TEP), nous savons qu’il y a une libération excessive de dopamine chez les personnes qui risquent de présenter une schizophrénie ou sont atteintes de psychose. Toutefois, le recours à la TEP pour diagnostiquer la schizophrénie ou vérifier l’efficacité d’un traitement peut être onéreux, et cette technologie est parfois difficile d’accès en milieu clinique.

« Dans le domaine des soins de santé mentale, nous ne disposons pas encore de tests diagnostiques des troubles mentaux largement accessibles. Cela signifie que les psychiatres doivent toujours se fonder sur la description des symptômes faite par le patient et sur les observations cliniques du comportement pour poser un diagnostic exact, ce qui signifie parfois un long processus d’essais et d’erreurs. »  — Dr Clifford Cassidy, chercheur à l’Institut de recherche en santé mentale du Royal

En revanche, la neuromélanine – un pigment foncé formé par la décomposition de la dopamine – peut être détectée à l’aide d’examens IRM qui sont généralement beaucoup plus accessibles. Dans cette étude ouvrant la voie à de nouvelles perspectives, les chercheurs ont utilisé l’IRM sensible à la neuromélanine pour valider que la neuromélanine peut servir de mesure de substitution de la dopamine, et donc de biomarqueur de la psychose.

Selon le Dr Cassidy, cette technique pourrait révolutionner le diagnostic et le traitement de la schizophrénie et d’autres maladies mentales.

« La dopamine est un marqueur important d’un grand nombre de maladies psychiatriques, que l’on avait toutefois de la difficulté à mesurer dans le passé sans la TEP », explique-t-il.

« Grâce à l’IRM sensible à la neuromélanine, nous sommes en mesure de comprendre certains des mêmes aspects observés à l’aide de la TEP, mais de manière beaucoup plus pratique et accessible. ».

Le Dr Cassidy a ajouté que cette technique présentait un autre avantage, à savoir que l’IRM sensible à la neuromélanine ne comporte pas de rayonnement ni de procédé effractif, de sorte qu’elle peut être utilisée à plusieurs reprises chez un patient pour surveiller l’évolution de sa maladie et sa réponse au traitement.

Disposant de données démontrant l’efficacité de cette technique, on espère que celle-ci pourra un jour être intégrée en milieux cliniques afin d’aider à déterminer le bon traitement à prescrire aux patients et de permettre à ces derniers de commencer leur traitement le plus tôt possible.

« Un biomarqueur clinique de la schizophrénie aiderait les personnes à obtenir le traitement dont elles ont besoin plus rapidement, dans l’espoir, notamment, d’améliorer leur qualité de vie », précise le Dr Cassidy.

Compte tenu de ces résultats confirmant que l’IRM sensible à la neuromélanine est une méthode efficace pour évaluer la fonction dopaminergique, on peut envisager que cette technique pourrait avoir d’innombrables applications au-delà de la schizophrénie, notamment à l’égard de maladies psychiatriques dans lesquelles la dopamine est en cause (ou la noradrénaline, un neurotransmetteur de la même famille), telles que le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), la dépendance, la dépression et le trouble de stress post-traumatique (TSPT).

Cliquez ici pour accéder au communiqué de presse officiel du National Institute of Mental Health (en anglais).