Ce qu’il faut savoir sur le « lundi bleu »

Le troisième lundi de janvier est parfois appelé le « lundi bleu », c’est-à-dire je jour le plus triste de l’année. Mais est-ce vraiment le cas?

« Eh bien, oui et non », répond en riant Ann-Marie O’Brien, une travailleuse sociale qui dirige le Programme de santé mentale pour les femmes au Royal.

C’est une vraie campagne de marketing, mais elle ne repose pas sur de véritables données scientifiques. En fait, le « lundi bleu » a été créé pour promouvoir les destinations à climat chaud. L’idée que le jour le plus triste de l’année tombe le troisième lundi de janvier a été « calculée » grâce à une équation qui tient compte de la température, de l’endettement après les vacances, du manque de motivation et d’autres variables. Bien que ces facteurs soient réels et puissent avoir un impact sur l’humeur et le niveau de stress des gens, il n’existe pas de jour spécifique qui soit pire (ou meilleur) que les autres. 

Est-il normal de se sentir triste à cette période de l’année?

Le « lundi bleu » est peut-être une invention commerciale, mais il est vrai que beaucoup de gens se sentent plus tristes que d’habitude à cette époque de l’année pour plusieurs raisons qui sont tout à fait légitimes. 

Il fait nuit le matin quand nous nous levons pour aller travailler, et il peut encore faire nuit quand nous rentrons à la maison. En effet, le soleil (qui stimule naturellement l’humeur) semble disparaître pendant plusieurs jours à cette période de l’année. Ce changement saisonnier affecte certaines personnes plus que d’autres. Le trouble affectif saisonnier (TAS) est un type de dépression qui se caractérise par une baisse de moral et d’énergie. Ce trouble peut avoir une réelle incidence sur l’appétit, le sommeil, la concentration et la joie de vivre.

« Il est tout à fait normal de se sentir déprimé à ce moment de l’année », affirme Mme O’Brien. « La fête est finie, vous avez atteint la limite de votre carte Visa et vous avez quelques kilos en trop, c’est normal d’avoir une baisse de moral. »

C’est ce qu’on appelle une « tristesse situationnelle ». Il s’agit d’une réponse normale à une situation précise qui est temporaire. Pendant ces périodes, il est utile de se concentrer sur les bases saines : manger des repas équilibrés, bien dormir et faire de l’exercice (y compris sortir dehors si vous le pouvez). Et si vous avez besoin de soutien, il existe de nombreuses ressources utiles dans la communauté d’Ottawa pour vous aider, comme Services à la famille Ottawa, Counselling and Family Service Ottawa (CFS), et Jewish Family Services.

Signes et symptômes d’un problème plus grave

Il est important de distinguer la tristesse, qui fait partie du spectre normal des émotions, de la dépression clinique.

La dépression, ce n’est pas « avoir le cafard » ou « avoir le blues ». Il s’agit d’une maladie complexe qui ne doit pas être prise à la légère.

Alors comment savoir si votre tristesse est en fait un problème plus grave dont vous devriez parler avec votre médecin de famille?

« On le sait en fonction de la durée du sentiment », explique Mme O’Brien, qui souligne que dans le cas de la dépression clinique, les symptômes comprennent une perte d’intérêt, une lourdeur dans le corps et une tristesse accablante.

« Et si vous ressentez cela presque tous les jours, la plupart du temps, pendant au moins deux semaines, cela pourrait indiquer que vous avez quelque chose de plus grave », précise Mme O’Brien. « Comment ces symptômes affectent-ils votre vie? C’est un autre indicateur. Continuez-vous de travailler? Jouez-vous avec vos enfants? Réussissez-vous à faire la cuisine, à sortir du lit? »

Si les symptômes persistent et vous empêchent de fonctionner comme vous le feriez normalement, il est temps d’obtenir une aide professionnelle. (Et si vous connaissez quelqu’un qui semble correspondre à cette description, il serait bon de tendre la main à cette personne et de lui demander comment elle va).

Transformer le « lundi bleu » en journée de réflexion

Le « lundi bleu » n’est pas vraiment le jour le plus triste de l’année, mais il est toujours bien ancré dans la culture populaire. Mme O’Brien nous suggère de profiter de cette journée pour faire le point sur notre état, sans jugement, afin de réfléchir à ce qui nous rend heureux et de mettre au point des stratégies de mieux-être.

Commencez par vous poser trois questions clés : Qu’est-ce qui me rend heureux? Qu’est-ce que je trouve stressant? Qu’est-ce qui fonctionne pour moi?

« Pensez à votre moi physique, à votre moi spirituel et à votre moi émotionnel. Que faites-vous pour nourrir ces parties de votre vie? », ajoute Mme O’Brien.

« Le fait de pouvoir identifier ce qui fonctionne pour vous est une compétence réellement importante à cultiver, et il faut aussi tenir compte de votre propre expérience subjective. Que faites-vous pour vous-même qui vous rend vraiment heureux? »

Cela pourrait être une activité avec vos amis et votre famille (aller prendre un café, ou simplement faire une promenade dans le quartier), une activité que vous aimiez quand vous étiez enfant (tenir un journal, faire des casse-tête, nager, faire du vélo), ou une activité qui vous touche d’une autre façon et qui vous apporte tout simplement de la joie (accueillir des chiots à la maison, collectionner des timbres, faire du bénévolat).

Surtout, n’oubliez pas que vous n’avez pas à souffrir, que ce soit de la tristesse au retour des vacances ou de quelque chose de plus grave.

« Il existe de nombreuses possibilités d’intervention et plus de services que jamais auparavant. Parlez-en à votre médecin de famille. »

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En cas d'urgence

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