Gros plan sur notre « point bleu » – Une avancée dans la recherche sur la neuroimagerie et le TSPT

De récents résultats de recherche publiés par une équipe du Royal ouvrent la voie à des traitements plus personnalisés pour les personnes atteintes d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT).

L’article « Evidence for locus coeruleus-norepinephrine system abnormality in military PTSD revealed by neuromelanin-sensitive MRI » (L’IRM sensible à la neuromélanine révèle une anomalie du système locus cœruleus-norépinéphrine chez les militaires atteints de TSPT), a été publié dans le numéro de janvier 2024 de Biological Psychiatry, l’une des revues les plus sélectives et les plus citées dans le domaine des neurosciences psychiatriques.

Cette recherche a montré que les personnes atteintes de TSPT ont une activité accrue dans une zone du cerveau appelée locus cœruleus (LC), aussi communément appelée « tache bleue » en raison de sa pigmentation, et qui est liée à l’hyper-réactivité et aux sentiments d’anxiété et de détresse que celle-ci provoque. La compréhension de ce lien pourrait aider les chercheurs et les cliniciens à poser de meilleurs diagnostics et à mettre au point des traitements plus efficaces pour le trouble de stress post-traumatique.

« Cette publication met en évidence la puissance de notre approche interdisciplinaire et le talent de l’équipe du Centre d’imagerie cérébrale du Royal », déclare la Dre Florence Dzierszinski, présidente de l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) de l’Université d’Ottawa au Royal et vice-présidente de la recherche au Royal.

« L’intégration réfléchie des soins et de la recherche ouvre la voie à l’innovation et à un avenir plus prometteur. Notre équipe interprofessionnelle, avec son expertise diversifiée et ses compétences complémentaires, sert de lentille pour éclairer les complexités de nos problèmes les plus difficiles et nous permet de naviguer dans de nouveaux territoires avec précision et compassion. »

Le Dr​​​​​​​ Clifford Cassidy, un chercheur affilié à l’IRSM, est l’auteur principal de l’article. (Les co-auteurs affiliés au Royal sont Adelina McCall, Reihaneh Forouhandehpour, Seyda Celebi, Claude Richard-Malenfant, Rami Hamati, la Dr​​​​​​​e Synthia Guimond, le Dr​​​​​​​ Lauri Tuominen, la Dr​​​​​​​e Natalia Jaworska, la Dr​​​​​​​e Robyn J. McQuaid, le Dr​​​​​​​ Jakov Shlik, la Dr​​​​​​​e Rébecca Robillard et le Dr Zachary Kaminsky.)

Le Dr Cassidy soupçonnait depuis longtemps que le locus cœruleus (LC), une zone du cerveau « peu étudiée », pourrait apporter des réponses à la biologie complexe du trouble de stress post-traumatique.

Le LC est une petite zone située dans le tronc cérébral qui affecte nos pensées et nos actions de différentes manières. Il contient des neurones (cellules cérébrales) qui sont responsables de la production d’une substance chimique du cerveau appelée norépinéphrine, qui est ciblée par certains médicaments psychiatriques.

« Le système locus cœruleus-norépinéphrine (LC-NE) est impliqué dans de nombreuses fonctions », explique le Dr Jakov Shlik, psychiatre à la clinique pour traumatismes de stress opérationnel (TSO) du Royal. « Il régule le système nerveux sympathique, la réaction de “lutte ou de fuite” dans le corps. En ce qui concerne le trouble de stress post-traumatique, il participe au traitement des émotions et joue aussi un rôle au niveau de l’attention et de l’éveil, y compris dans les cycles de sommeil et de veille et au niveau de la concentration. »

 

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Dr Clifford Cassidy, Dre Florence Dzierszinski et Dr Jakov Shlik
Dr Clifford Cassidy, Dre Florence Dzierszinski et Dr Jakov Shlik

De récents progrès en neurosciences nous ont donné de nouveaux outils pour étudier cette partie du cerveau, ce qui nous permet de découvrir ses secrets comme jamais auparavant.

Le Dr Cassidy a optimisé une forme d’imagerie innovante appelée imagerie par résonance magnétique sensible à la neuromélanine (IRM-NM), une technique de scintigraphie cérébrale non effractive qui permet aux chercheurs de voir le pigment sombre créé par la dégradation de la norépinéphrine, que l’on appelle neuromélanine. L’IRM-NM offre une fenêtre unique pour nous aider à comprendre des pathologies telles que le trouble de stress post-traumatique et la maladie d’Alzheimer, où les changements des taux de neuromélanine sont liés à la progression de la maladie.

Grâce à l’IRM-NM, le Dr Cassidy et son équipe ont montré que les personnes atteintes de TSPT ont une activité plus importante dans leur système LC-NE que les personnes qui n’en sont pas atteintes. (Les participants à l’étude étaient d’anciens combattants des Forces armées canadiennes atteints d’un TSPT lié à leur déploiement dans une zone de combat.)

Ce niveau élevé d’activité dans le système LC-NE est lié à l’hyper-réactivité. Dans le contexte du TSPT, l’hyper-réactivité fait référence à un état de vigilance physiologique et psychologique accru qui peut se manifester de diverses manières, notamment par une accélération du rythme cardiaque, une réaction de sursaut exagérée, une difficulté à dormir, de l’irritabilité et un trouble de la concentration.

L’hyper-réactivité est souvent décrite comme le sentiment que le système d’alarme interne du corps est constamment activé, même s’il n’y a pas de danger immédiat. Elle peut être déclenchée par des rappels d’un événement traumatisant et entraîner des sentiments intenses d’anxiété et de détresse. Il s’agit d’un symptôme courant chez les anciens combattants et les membres des Forces canadiennes atteints d’un trouble de stress post-traumatique, explique le Dr Shlik, qui le décrit comme une « réactivité accrue à l’environnement » qui réduit considérablement la qualité de vie du patient.

« Les gens ont du mal à dormir, ils sont plus irrités. Ils sont toujours sur leurs gardes, de manière incontrôlée, et il leur est donc très difficile de s’adapter à n’importe quelle situation quotidienne, comme un simple embouteillage de la circulation, et toute situation en dehors d’un environnement très confiné peut être ressentie comme une menace par le cerveau », explique-t-il.

Le traitement du TSPT, comme celui de nombreux autres troubles mentaux, associe souvent une thérapie et des médicaments, mais il ne s’avère pas toujours efficace. De plus, de nombreux médicaments mettent des semaines à démontrer leur efficacité et s’accompagnent souvent d’effets secondaires indésirables.

Bien qu’il reste encore du travail à faire dans ce domaine, ces nouveaux résultats représentent une avancée positive dans la course à la recherche de traitements personnalisés pour les maladies mentales graves. Ce projet de recherche clinique sur l’évaluation multidimensionnelle des sous-types du TSPT (MAPS, Multi-Dimensional Assessment of PTSD Subtypes) vise à améliorer la compréhension du TSPT afin qu’il puisse être diagnostiqué plus facilement et traité de manière plus efficace. L’étude MAPS est financée par le programme Innovation pour la défense, l’excellence et la sécurité (IDEeS) du gouvernement du Canada. Cliquez ici pour en savoir plus sur l’étude MAPS.