Le Royal et le Centre Moore pour la prévention des abus sexuels sur les enfants reçoivent une subvention de 10,3 $ millions (USD) pour lancer une initiative de prévention à l’échelle mondiale

L’initiative Prévention mondiale des abus sexuels (Global Perpetration Prevention) a pour objectif d’identifier, d’évaluer et de partager les programmes les plus efficaces pour assurer la sécurité des enfants.

On estime qu’un garçon sur douze et une fille sur cinq sont victimes d’une forme ou d’une autre d’exploitation ou d’abus sexuel au cours de leur vie. Selon de récentes recherches, seul un cas d’abus sur trois est signalé par l’enfant à un parent ou un autre adulte de confiance, et seul un incident sur cinq est signalé à la police.

Le Royal et son partenaire, le Centre Moore pour la prévention des abus sexuels sur les enfants (Moore Centre for the Prevention of Child Sexual Abuse) de l’École de santé publique Bloomberg de l’Université John Hopkins, ont reçu une subvention de 10,3 $ millions (USD) pour aider à prévenir ces violences sexuelles.

La nouvelle initiative s’appelle « Prévention mondiale des abus sexuels : mise en pratique des connaissances » et a pour objectif d’identifier, d’évaluer et de partager les programmes nouveaux et existants du monde entier qui sont axés sur la prévention des abus sexuels.

« Les abus sexuels sur les enfants sont malheureusement très répandus, et la plupart des programmes qui s’attaquent à ce problème sont réactifs, plutôt que proactifs », déclare le Dr Michael Seto. « Seule une fraction des ressources est investie dans la prévention. »

La subvention accordée à ce projet de cinq ans qui sera lancé en janvier 2021 a été fournie par la Fondation Oak, une fondation privée située à Genève, en Suisse.

« La recherche en psychiatrie légale au Royal est un programme phare qui génère des connaissances ayant des incidences concrètes. En leur qualité de chefs de file internationaux dans ce domaine, le Dr Seto et la Dre Letourneau proposent d’adopter une approche innovante pour s’attaque au problème critique des abus sexuels sur les enfants », indique la Dre Florence Dzierszinski, présidente de l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) du Royal, qui est affilié à l’Université d’Ottawa, et vice-présidente de la recherche au Royal. « Nous sommes profondément reconnaissants à la Fondation Oak pour son soutien et sa confiance, et nous nous réjouissons de cette collaboration qui nous permettra de traiter les problèmes de santé mentale et de toxicomanie associés aux abus sexuels. »

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Dr Michael Seto
Dr Michael Seto, Directeur, Unité de recherche en psychiatrie légale, le Royal

Le Dr Seto est directeur de l’Unité de recherche en psychiatrie légale de l’IRSM, au sein des Services de santé Royal Ottawa (SSRO). Il est co-chercheur principal du projet, aux côtés de la Dre Elizabeth Letourneau, qui travaille à l’École de santé publique Bloomberg de l’Université John Hopkins.

« Nous sommes très reconnaissants à la Fondation Oak pour cette subvention transformatrice, et nous sommes ravis de collaborer avec Oak et avec le Dr Michael Seto ainsi que son équipe des Services de santé Royal Ottawa », déclare Elizabeth Letourneau, Ph.D., directrice du Centre Moore et chercheuse principale du projet. « Cette subvention exceptionnelle nous permettra de progresser vers un monde exempt d’abus sexuels sur les enfants. »

Selon le Dr Seto, les violences sexuelles à l’encontre des enfants ne doivent pas être considérées comme un problème « isolé » qui relève de l’application de la loi, de la protection de l’enfance et des services de psychiatrie légale. Il s’agit en fait d’un plus vaste problème qui a de très graves conséquences. En outre, l’exploitation et les abus sexuels des enfants sont un facteur de risque connu pour de nombreux problèmes de santé mentale et de toxicomanie.

« Ces abus sont associés à la dépression, à l’anxiété, au risque suicidaire, au stress traumatique, à la toxicomanie, aux difficultés scolaires et aux problèmes relationnels. Ils ont d’importantes répercussions et peuvent faire éclater des familles », précise le Dr Seto. « Les abus sexuels sur les enfants sont réellement un grave problème qui touche de très nombreuses personnes à bien des égards. »

L’une des premières étapes du projet Prévention mondiale des abus sexuels est de procéder à un examen systématique des programmes de prévention les plus prometteurs. Le Dr Seto dirige cet aspect de l’initiative et co-dirige les évaluations des programmes.

La subvention de la Fondation Oak financera également la création d’un centre en ligne de renforcement des capacités qui répertoriera les programmes efficaces de prévention ainsi que les données empiriques dont ont besoin les gouvernements, les responsables des politiques, les praticiens et les autres parties prenantes et décisionnaires.

Les programmes seront sélectionnés en tenant compte de la façon dont ils ont été conçus pour atteindre leur public cible. Par exemple, le répertoire pourrait comprendre un programme de prévention en milieu scolaire, une ligne d’assistance téléphonique confidentielle, ou une plateforme de thérapie en ligne guidée par des cliniciens.

Le Dr Seto et ses collègues estiment que le centre de renforcement des capacités constituera une ressource fiable et que cette base de données scientifiques permettra d’orienter l’élaboration de politiques et les décisions de financement dans le monde entier.

Lorsque le centre sera prêt, tout groupe, organisation ou gouvernement pourra choisir un programme approuvé et fondé sur des données probantes afin de l’adapter à ses besoins locaux et culturels, et ainsi obtenir les informations et le soutien dont il a besoin pour le mettre en œuvre en vue d’aider les enfants de sa région.

L’objectif du Dr Seto est de faire en sorte que la problématique des abus sexuels sur les enfants soit intégrée dans les priorités de tous les États du monde.

« Nous voulons vraiment propulser le changement... Il ne s’agit pas seulement d’un projet de recherche, il y a une mise en pratique concrète, et cela signifie qu’il y a un réel avantage », explique-t-il.

Qu’est-ce qu’un programme de prévention des abus sexuels sur les enfants? 

Il existe différents types de programmes de prévention des abus sexuels sur les enfants. Ils peuvent être destinés au grand public (comme les programmes d’éducation et de sensibilisation destinés aux personnes qui s’occupent d’enfants), ou encore aux personnes qui risquent de commettre des abus. Le Dr Michael Seto donne l’exemple d’un programme de prévention suédois (« Prevent It »), qui est actuellement en phase d’essai pilote. Les participants sont répartis au hasard dans deux groupes : « traitement » ou « comparaison ». Les personnes du groupe de traitement regardent des vidéos, lisent des documents et font des exercices et travaux liés à cet enseignement. Ensuite, des cliniciens formés donnent une rétroaction à chaque personne sur les exercices qu’elle a effectués au moyen d’une discussion en ligne sécurisée et confidentielle. Le groupe de comparaison reçoit également de l’enseignement, mais sans faire les exercices et sans recevoir la rétroaction d’un clinicien. L’essai pilote permettra de déterminer si l’accompagnement en ligne d’un psychothérapeute est un modèle de traitement efficace.

Le Dr Seto est très enthousiaste à l’égard de cet aspect du programme : « La rétroaction est un élément clé, parce qu’elle montre que ce que la personne pense utile n’est pas forcément une bonne idée. Ce sont les connaissances professionnelles et l’encadrement qui feront la différence. »

Bien sûr, l’avantage des sites Web de prévention en ligne est qu’ils peuvent atteindre davantage de personnes sur une plus grande distance géographique.

« Certaines personnes souhaitent vraiment obtenir de l’aide, mais elles ne savent pas vers qui se tourner et elles ont peur », explique le Dr Seto, qui souligne également que les services en ligne gratuits sont non seulement plus accessibles d’un point de vue financier, mais qu’ils permettent aussi aux gens d’obtenir une aide quand ils en ont besoin, puisque l’attente est généralement moins longue que pour obtenir des services en personne. De plus, les services en ligne sont extensibles. Un seul clinicien peut aider plusieurs personnes à la fois.