La santé mentale des femmes passe au virtuel et crée de nouvelles connexions
Il n’est pas facile d’être une nouvelle maman. Vous êtes propulsée dans un monde où le manque de sommeil et l’incertitude deviennent la norme. Cette période est compliquée dans n’importe quel environnement, mais elle est particulièrement difficile dans le contexte d’une pandémie.
En 2020, près de 375 000 femmes ont accouché au Canada. On rapport qu’en 2019, 23 % des mères ont connu une certaine forme de trouble de l’humeur ou d’anxiété pendant la période périnatale. Selon une étude menée par l’Université de Calgary, 37 % des femmes enceintes pendant la pandémie ont signalé d’importants symptômes de dépression clinique et 56 % ont indiqué qu'elles présentaient des symptômes d’anxiété modérée à grave. Les recherches montrent que les femmes appartenant à cette catégorie vulnérable ont besoin de liens, d’une communauté et de soutien pour surmonter la complexité d’assumer seule leur rôle de mère.
Au cours de la pandémie, le Programme de santé mentale pour les femmes du Royal est devenu une véritable bouée de sauvetage pour les nouvelles mères. « Dans nos groupes de santé mentale périnatale, les nouvelles mamans nous disent qu’elles souffrent d’anxiété et de dépression. Elles s’ennuient, se sentent seules, ont du mal à gérer les limites avec leur famille et leurs amis et font le deuil de leur grossesse, de l’accouchement et de la période postpartum qu’elles souhaitaient vivre », explique Nancy McLaren Kennedy, spécialiste du soutien par les pairs et intervenante en santé mentale au Programme de santé mentale pour les femmes du Royal.
Sous la direction d’Ann-Marie O’Brien et de Nancy Kennedy, aux côtés d’une équipe passionnée de bénévoles ayant une expérience vécue de la maladie mentale, le Programme de santé mentale pour les femmes du Royal a fait la transition dès le début de la pandémie en offrant des programmes et ateliers sur Zoom, tels que Tenir un journal comme outil de mieux-être (Journaling as a Wellness Tool, général et périnatal), Se rétablir par l’art-thérapie (Healing Through Art), ainsi que des groupes de soutien visant à favoriser le mieux-être des femmes (général et périnatal).
« Nous rejoignons des personnes qui n’auraient pas pu venir au Royal en raison d’obstacles physiques. Nous répondons à ces besoins de manière virtuelle et nous n’aurions jamais pu le faire à ce niveau avant la pandémie », explique Mme O’Brien. « Pour le groupe des mamans, il pouvait être stigmatisant de venir au Royal auparavant. Elles devaient préparer les affaires de leur bébé et charger la poussette dans le bus, ou trouver une place de stationnement et se rendre jusqu’à nous. Franchir nos portes était un obstacle en soi. Les membres de notre groupe de soutien par les pairs bénéficient désormais de tous les avantages du groupe, sans la stigmatisation associée au fait de se rendre au Royal. [Ces mères] peuvent parler franchement de santé mentale, parce qu’elles savent qu’elles se trouvent dans un espace sûr. »
Le Programme de santé mentale pour les femmes du Royal s’adresse aux femmes atteintes d’une maladie mentale grave ou persistante, de problèmes de santé mentale concomitants et qui reçoivent des traitements pour ces troubles, ainsi qu’à celles qui s’identifient comme ayant des problèmes de santé mentale. Chaque volet du Programme de santé mentale pour les femmes est dirigé par des femmes ayant une expertise vécue de la maladie mentale et vise à offrir un espace sûr pour parler du mieux-être mental et du rétablissement.
« Le soutien par les pairs est le fondement de la santé mentale des femmes. Dans bon nombre de nos programmes, les femmes ont suivi des traitements, et le soutien par les pairs leur permet de donner un sens à ce qui s’est passé. En établissant des liens avec d’autres femmes qui partagent leur expérience, elles créent une communauté de personnes qui normalisent les problèmes de santé mentale, les traitements, le rétablissement et le retour à la vie », explique Mme O’Brien.
Le Royal est un chef de file de longue date en matière de soutien par les pairs. Le Programme de santé mentale pour les femmes, en particulier, offre des services de soutien par les pairs depuis sa création. « Ce que nous apportons avec le soutien par les pairs, c’est la confiance », ajoute Mme O’Brien. « Les gens vivent beaucoup d’expériences difficiles avant d’arriver au Royal. Une fois qu’ils se tournent vers nous, ils reçoivent des traitements de calibre mondial, et cela vaut aussi pour le soutien par les pairs. C’est un type de soutien qui est très important pour les femmes. Lorsque nous nous réunissons, l’expérience de chacune cesse d’être exceptionnelle et devient la norme. »
En établissant des liens avec d’autres femmes qui partagent leur expérience, elles créent une communauté de personnes qui normalisent les problèmes de santé mentale, les traitements, le rétablissement et le retour à la vie. – Ann-Marie O'Brien
Le fait de rendre ces groupes virtuels a permis à des femmes de toute la région de l’est de l’Ontario d’y participer, mais la transition n’a pas été sans difficultés. Au début de la pandémie, le Royal a appris que le Plan d’action de rétablissement et de mieux-être (WRAP©), qui sert à guider les programmes de rétablissement, n’avait pas été évalué aux fins d’une prestation virtuelle.
« Nous nous sommes adaptées et avons décidé que nous allions rassembler des femmes pour parler de rétablissement en nous fondant sur ce que nous savons être vrai », a déclaré Mme O’Brien.
Mme Kennedy s’est tournée vers les approches qui avaient fonctionné lorsqu’elle était étudiante en stage au Programme de santé mentale pour les femmes. Et c’est à partir de là que sont nées des idées pour mettre les femmes en relation et les encourager à participer.
« L’un de nos partenaires a eu l’idée d’organiser des conférences en direct sur Facebook, en collaboration avec le Centre de naissance et de bien-être d’Ottawa », explique-t-elle. « Nos vidéos ont été visionnées plus de 8 000 fois et traitent d’un grand éventail de sujets, de la nutrition au traumatisme lié à l’accouchement, en passant par le deuil de l’allaitement. »
Cette approche innovante a renforcé l’accessibilité de nos services ainsi que nos messages d’espoir, de responsabilité personnelle, de soutien et de défense des intérêts. Pour le groupe de santé mentale périnatale en particulier, ce contact a fait toute la différence. « Comme les mamans ne peuvent pas participer aux groupes de jeu ou se retrouver dans les parcs, elles se rencontrent dans le cadre de nos groupes de soutien par les pairs et utilisent des outils comme WhatsApp pour garder le contact en dehors des groupes sur Zoom. Cela leur permet de discuter de plein de choses, de ce qu’il faut faire pour traiter l’érythème fessier de leur bébé par exemple, et comment assumer leur rôle de mère dans le contexte d’une pandémie. »
Qu’il s’agisse de livrer des fournitures artistiques à la porte des participantes du groupe d’art-thérapie ou de créer une communauté pour celles qui luttent contre l’isolement de la période postpartum pendant la pandémie, le Programme de santé mentale pour les femmes du Royal est devenu une lueur d’espoir, un réseau de contact et un lieu sûr pour les femmes de tout l’est de l’Ontario.