Les conséquences cachées de la pandémie : étude sur les répercussions psychologiques et biologiques de l’épuisement chez les professionnels de la santé

Si la plupart des gens ne seront pas surpris d’apprendre que le stress provoqué par la pandémie de COVID-19 et les pénuries de personnel ont fait des ravages chez les professionnels de la santé, ils seront peut-être étonnés de savoir que nous n’en comprenons toujours pas les répercussions.

Une nouvelle étude tente d’apporter des réponses pour mieux comprendre les répercussions psychologiques et biologiques de l’épuisement chez les professionnels de la santé.

Le Royal affecte une partie d’un don anonyme de 1,5 million de dollars reçu par l’entremise de la Fondation communautaire d’Ottawa à une étude portant sur les répercussions psychologiques et biologiques de l’épuisement professionnel et du stress chronique chez un échantillon de 100 professionnels de la santé agréés recrutés dans des hôpitaux de la région d’Ottawa.

« Cette recherche est essentielle pour lutter contre les taux croissants d’épuisement chez nos professionnels de la santé dévoués », déclare la Dre Florence Dzierszinski, présidente de l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) de l’Université d’Ottawa au Royal et vice-présidente de la recherche.

« La recherche fait partie des soins. En découvrant des marqueurs biologiques uniques et en favorisant une meilleure compréhension du stress chronique, nous ouvrons la voie à des interventions ciblées et à des programmes plus complets dans le milieu de travail afin de préserver notre santé mentale. »

Cette étude combine la collecte de données cliniques et biologiques, y compris les données de neuroimagerie obtenues au Centre d’imagerie cérébrale du Royal. L’équipe comprend également les chercheurs Robyn McQuaid, Zachary Kaminsky et Jeanne Talbot. Elle cherche notamment à comprendre les liens entre l’épuisement professionnel, le stress, l’utilisation des services de santé mentale, la détresse morale et les facteurs associés à la résilience et à l’adaptation.

La Dre Jennifer Phillips, chercheuse principale de l’étude et directrice scientifique par intérim de l’Institut de recherche en santé mentale de l’Université d’Ottawa au Royal, confirme qu’Il s’agit d’un sujet d’actualité.

« Nous savons que le taux d’épuisement est élevé chez les professionnels de la santé », explique-t-elle. « Les taux d’épuisement professionnel ont augmenté chez le personnel infirmier, les médecins et les stagiaires en médecine, par exemple. Ces taux sont maintenant plus élevés qu’ils ne l’étaient avant le début de la pandémie. »

L’équipe recrute encore des professionnels de la santé agréés qui travaillent dans la région d'Ottawa pour participer à cette étude. Pour obtenir plus d’informations ou pour vous inscrire, envoyez un courriel à burnoutstudy@theroyal.ca.

Qu’est-ce que l’épuisement professionnel?

Chelsea Montgomery et Leen Ghanayem, étudiantes à la maîtrise en neurosciences à l’Université Carleton, font leur mémoire dans le cadre de ce projet.

Chelsea Montgomery explique que l’épuisement professionnel est un sujet très débattu dans les milieux de la santé en raison de l’absence de consensus sur sa définition et sur la façon de le mesurer. Certains se demandent même s’il s’agirait d’un type de dépression.

Image
Leen Ghanayem, Jennifer Phillips, et Chelsea Montgomery
De gauche à droite : Leen Ghanayem, Jennifer Phillips, et Chelsea Montgomery.

« Il peut y avoir une certaine association entre les deux, mais ce sont en fait deux concepts distincts », explique Mme Montgomery. « Une partie de ce projet consiste à essayer de déterminer si l’épuisement est un trouble distinct et s’il a peut-être des fondements biologiques qui lui sont propres par rapport à la dépression. »

Les signes ou symptômes courants d’épuisement chez les professionnels de la santé sont une très grande fatigue (le sentiment d’être vidé de son énergie et d’être incapable de la renouveler), la dépersonnalisation (le détachement par rapport à son travail et la diminution des sentiments de connexion et d’attention) et l’inefficacité professionnelle (le sentiment d’échouer dans son travail).

Selon Mme Ghanayem, les résultats préliminaires de la première cohorte montrent des taux élevés d’épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de détresse morale chez les participants.

La détresse morale fait référence aux conséquences d’expériences difficiles qui bouleversent le système de valeurs ou les croyances morales d’une personne. Les effets peuvent être durables et se traduire par un épuisement émotionnel de longue durée.

« La détresse morale est liée à des taux plus élevés d’épuisement professionnel, de dépression et d’anxiété, ce qui en fait une préoccupation sérieuse et particulière pour les professionnels de la santé », déclare Mme Ghanayem.

Les professionnels de la santé qui participent à cette étude sont suivis pendant un an. Des données biologiques et psychologiques sont recueillies dès l’inscription des participants à l’étude, avec des suivis psychologiques à six et douze mois. Si un participant présente des symptômes au cours de cette période, l’équipe espère pouvoir examiner les mesures biologiques pour déterminer si ces symptômes auraient pu être prédits.

« Si nous sommes en mesure de caractériser les conséquences physiques de l’épuisement professionnel, nous serons mieux habilités à favoriser le bien-être des professionnels de la santé », ajoute la Dre Phillips, qui précise que des marqueurs biologiques spécifiques pourraient conduire à des traitements ciblés.

À plus grande échelle, l’équipe espère qu’une image holistique du véritable bilan du stress chronique sur le corps humain permettra de lancer une plus vaste conversation sur la santé mentale dans le secteur des soins de santé et contribuera également à l’élaboration de programmes dans le milieu de travail pour favoriser le bien-être des professionnels de la santé.

Les participants de la première cohorte étaient enthousiastes à l’idée de prendre part à l’étude. « Je pense que beaucoup d’entre eux apprécient simplement que leur voix soit entendue. C’est très touchant d’entendre à quel point ils sont enthousiasmés par l’étude et par le fait d’y participer », déclare Mme Montgomery.

L’équipe recrute encore des professionnels de la santé agréés qui travaillent dans la région d'Ottawa pour participer à l’étude. Elle espère notamment recruter davantage d’hommes et de médecins.

« La participation à notre étude permettra d’en apprendre davantage sur l’épuisement des professionnels de la santé et sur la manière de mieux les soutenir à l’avenir », indique Mme Montgomery.

Pour obtenir plus d’informations sur cette étude ou pour vous inscrire comme participant, envoyez un courriel à burnoutstudy@theroyal.ca.