Une initiative communautaire fondée sur un corpus de recherche croissant met en lumière l’importance de l’hygiène mentale

Dans l’agitation de la vie quotidienne, l’entretien d’une bonne santé mentale passe souvent au second plan, mais cela peut changer et ce n’est pas obligé d’être compliqué.

De plus en plus de données montrent que l’une des façons de favoriser notre mieux-être mental est d’adopter des pratiques d’hygiène mentale.

Les pratiques d’hygiène sont de petites actions que nous faisons pour protéger notre santé, comme nous brosser les dents. L’hygiène mentale consiste à adopter certaines habitudes saines, des stratégies d’adaptation et des techniques d’autosoins pour préserver notre santé mentale et notre mieux-être.

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Guillaume Tremblay
Guillaume Tremblay, infirmier praticien au Centre de santé mentale de Brockville du Royal.

« Nous avons tendance à penser à prendre soin de notre santé mentale que lorsque quelque chose ne va pas. Nous n’avons pas encore le réflexe d’y penser du point de vue de l’entretien, comme nous le faisons pour le reste du corps », explique Guillaume Tremblay, infirmier praticien au Centre de santé mentale de Brockville du Royal.

M. Tremblay est l’un des auteurs de Mental Hygiene :What It Is, Implications, and Future Directions (« L’hygiène mentale : définition, portée et futures orientations »), un article publié en 2021 avec Nicole Rodrigues et le Dr Sanjiv Gulati. Les auteurs y présentent une liste de pratiques fondées sur la recherche qui favorisent une bonne santé mentale si elles sont pratiquées régulièrement, notamment l’exposition à la nature et les pratiques contemplatives telles que la méditation, la prière et la respiration concentrée. Plus important encore, ils plaident en faveur de l’adoption universelle d’un cadre d’hygiène mentale et soulignent la nécessité de formuler des recommandations spécifiques en matière de santé mentale à l’intention du grand public.

Comme le souligne M. Tremblay, en ce qui concerne notre santé physique, il existe une référence universellement acceptée de ce que nous devrions faire et pendant combien de temps. L’Organisation mondiale de la Santé recommande aux adultes de s’astreindre à un minimum de 150 minutes d’exercice modéré à vigoureux par semaine. Cette recommandation est transmise dans les écoles, promue par les organismes de santé publique et relayée par les médias – il s’agit donc d’un cadre de référence largement compris et accepté.

Il est surprenant de constater qu’il n’existe pas de recommandations universelles concernant le temps que nous devrions consacrer quotidiennement à notre santé mentale. Comme l’expliquent M. Tremblay et ses collègues dans leur article, même consacrer aussi peu que 10 minutes par jour à notre hygiène mentale peut contribuer à améliorer notre santé mentale.

De petits pas pour de grands effets

L’hygiène mentale n’est pas seulement un état d’esprit, c’est un mouvement en pleine expansion.

L’enthousiasme de M. Tremblay pour l’hygiène mentale a inspiré le Défi d’hygiène mentale, une initiative communautaire visant à encourager les participants à consacrer dix minutes par jour à leur hygiène mentale pendant 31 jours. Le défi en est maintenant à sa troisième année et sera relancé en mars prochain.

Les données de sondage recueillies au cours des deux premières années du Défi d’hygiène mentale ont montré que le fait de s’engager dans des pratiques quotidiennes d’hygiène mentale favorise le mieux-être mental.

Le mieux-être mental est un état de mieux-être général qui ne se limite pas à l’absence de maladie. Lorsqu’on dit qu’une personne a une bonne santé mentale, cela signifie qu’elle est en meilleure position pour faire face au stress, à l’anxiété ou à d’autres émotions négatives, et qu’elle se remet relativement bien de l’adversité. Cela va souvent de pair avec des sentiments positifs comme l’optimisme, le bonheur, la gratitude ou la satisfaction.

« Nous avons tendance à penser à prendre soin de notre santé mentale que lorsque quelque chose ne va pas. Nous n’avons pas encore le réflexe d’y penser du point de vue de l’entretien, comme nous le faisons pour le reste du corps », explique Guillaume Tremblay, infirmier praticien au Centre de santé mentale de Brockville du Royal.

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L'équipe de planification du Défi d'hygiène mentale du Royal.
L'équipe de planification du Défi d'hygiène mentale du Royal : Jenn Senger, Guillaume Tremblay, Dr Sanjiv Gulati, Nicole Rodrigues, Michaela Berniquez et Andrea Tomkins.

L’évaluation du concept d’hygiène mentale se poursuit cette année. Les principales conclusions de cette étude seront communiquées dans un article à venir, intitulé The Mental Hygiene Challenge – A Novel Public Mental Health Intervention, qui sera publié sous peu dans la Revue canadienne de santé mentale communautaire.

« L’évaluation du programme indique de manière prometteuse que l’hygiène mentale favorise le mieux-être mental et nous continuons à travailler à l’élaboration de recommandations destinées au public », déclare Mme Rodrigues, co-auteure et responsable du cadre d’évaluation. « Et d’un point de vue anecdotique, les réactions sont extrêmement positives. »

Joan C., membre du groupe Facebook du Défi d’hygiène mentale, a publié cette réponse après avoir participé au défi de l’année dernière :

« Je me suis inscrite au défi pour me faire une idée de ce que je faisais chaque jour par rapport à ce que je ressentais. Cela m’a ouvert les yeux et a renforcé l’idée que l’exercice, le plein air, être plus sociable et tenir un journal ont l’effet le plus positif sur mon mieux-être mental. Je tiens un journal depuis l’adolescence et c’est pour moi une activité très thérapeutique. Merci pour ce défi. Il m’a aidée à me sentir positive et m’a permis d’aller plus facilement de l’avant. »

Bien que prendre soin de notre santé mentale devrait faire partie de notre quotidien, nous n’en sommes pas encore là.

L’objectif de M. Tremblay est que l’idée de l’hygiène mentale soit adoptée, approuvée et promue par les organismes de santé au Canada et dans le monde entier, et qu’elle devienne un jour aussi automatique que de se brosser les dents.

Cara Vaccarino, présidente et cheffe de la direction du Royal, souligne l’urgence de développer des outils et des approches efficaces en matière de santé mentale, surtout si l’on considère les répercussions de la pandémie qui est toujours en cours. Étant donné qu’une personne sur cinq au Canada aura des problèmes de santé mentale à un moment donné au cours de sa vie, le besoin de mettre en place des mesures préventives n’a jamais été aussi urgent.

« Le Défi d’hygiène mentale du Royal n’est pas seulement un appel à l’action, c’est une approche holistique de l’hygiène mentale – un acte d’entretien préventif de l’esprit », déclare Mme Vaccarino. « Cette initiative vise à nous donner les moyens d’agir en changeant de pratique et de perspective. Le maintien d’une bonne santé mentale nécessite une attention et des efforts constants. »

L’inscription au Défi d’hygiène mentale de cette année est désormais ouverte. Les pratiques d’hygiène mentale qui font partie du défi sont toutes fondées sur des recherches, accessibles, faciles à intégrer dans une routine quotidienne et ne nécessitent pas d’équipement spécial ni de formation. Les participants reçoivent un calendrier pour suivre leurs progrès, des liens vers des ressources utiles et des vidéos pratiques, ainsi qu’une invitation à rejoindre une communauté Facebook dédiée pour obtenir un soutien supplémentaire. La participation est gratuite. Cliquez ici pour vous inscrire au Défi de cette année.