Une innovation d’une entreprise locale dans la surveillance mobile de la santé

Le Royal participe à une plateforme innovante qui promet d’améliorer les services mobiles de santé mentale et de mieux-être. Elle s’inspire d’un réseau social utilisé par des millions de personnes en Amérique du Nord : Twitter.

TryCycle Data Systems, une entreprise d’Ottawa, a conçu une plateforme pour téléphones intelligents qui complète la thérapie traditionnelle en facilitant la relation numérique entre les thérapeutes et leurs clients.

Les clients sont régulièrement invités à répondre à des questions sur leur état de santé. De leur côté, les thérapeutes reçoivent des rapports en temps réel et un aperçu de l’état de santé de leurs clients entre les rendez-vous. L’objectif est d’aider les thérapeutes à anticiper le moment où une personne est dans le besoin et donc à offrir un soutien de manière proactive afin de prévenir une rechute ou une situation de crise.

Les recherches menées par le Dr Zachary Kaminsky au cours des deux dernières années sont axées sur un objectif similaire.

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Le Dr Zachary Kaminsky
Le Dr Zachary Kaminsky

Le Dr Kaminsky est titulaire de la Chaire de recherche DIFD et Mach-Gaensslen sur la prévention du suicide à l’Institut de recherche en santé mentale du Royal (IRSM), qui est affilié à l’Université d’Ottawa.

Le Dr Kaminsky a mis au point un algorithme prévisionnel de risque de suicide par intelligence artificielle heuristique, appelé SAIPH (Suicide Artificial Intelligence Prediction Heuristic), qui analyse les tendances des discours dans les données publiques de Twitter pour déterminer le risque de suicide d’une personne. 

TryCycle a commencé à envisager l’intégration de l’algorithme SAIPH dans sa plateforme pour améliorer la relation entre les clients et leurs fournisseurs de soins.

L’entreprise a discuté de ce projet avec le Dr Kaminsky à la fin de l’année dernière. John MacBeth, le PDG de TryCycle Data Systems, explique que son équipe a trouvé l’algorithme du Dr Kaminsky « éloquent et agile », le jugeant particulièrement bien adapté à leur plateforme d’aide numérique à la décision clinique, car il permet de travailler avec davantage de données.

« Nous essayons d’utiliser les données pour instaurer un dialogue entre deux personnes... Un être humain prend les données, les interprète, puis décide ou non d’agir en fonction de ces données. C’est une recette simple », dit M. MacBeth. « Le but est de favoriser un sentiment de lien et de proximité en essayant de remplacer la stigmatisation, la solitude et la honte par cette relation. »

Les clients ont la possibilité d’utiliser la plateforme TryCycle ainsi que la composante SAIPH, mais ils doivent disposer d’un compte Twitter. (Selon certaines estimations, Twitter compte environ 6,88 millions d’utilisateurs actifs au Canada, et près de 60 millions aux États-Unis.)

Le Dr Kaminsky estime que comme l’algorithme SAIPH a la capacité de passer au peigne fin les archives de Twitter d’un utilisateur, cet outil sera très utile aux thérapeutes qui rencontrent leurs clients pour la première fois.

Il faut d’habitude deux ou trois séances avant qu’un thérapeute ne puisse commencer à se faire une image claire de l’état d’un client, mais comme l’algorithme SAIPH permet d’analyser les données historiques de Twitter, il peut donner aux thérapeutes une idée de l’état de santé mentale de leurs clients avant même la première rencontre. 

« Étant donné que notre IA peut remonter dans le temps et identifier des choses qui se sont produites au cours des six ou douze derniers mois, elle donne un profil visuel des périodes de stress de cette personne », explique le Dr Kaminsky.

L’algorithme SAIPH peut rapidement cerner les clients qui présentent un profil de détresse plus élevé, ou mettre en évidence une période de « pic de stress » dont il faudrait discuter lors d’une séance de thérapie.

Le Dr Kaminsky utilisera les données provenant de TryCycle pour voir comment fonctionne le système avec des clients dans le monde réel.

« De mon point de vue, ce partenariat avec TryCycle fait avancer rapidement nos efforts de recherche de plusieurs années », déclare-t-il.

TryCycle Data Systems a décidé de partager gratuitement sa plateforme pendant la durée de la crise de COVID-19. L’entreprise a constaté un pic de la demande, car les professionnels de la santé mentale gèrent désormais leur charge de travail depuis leur bureau à domicile.